26 janvier
2023
Rédigé par
Louise McNutt
Durée
x
min
La technologie numérique n'est pas aussi virtuelle qu'on le croit ! Son empreinte écologique est bien réelle. Les enjeux environnementaux du numérique sont encore abstraits pour vous ? Nous vous proposons ici une mise à jour, pour mieux comprendre les enjeux et voir ce qui est à notre portée pour réduire notre impact dès maintenant !
Si le numérique était un pays, il aurait 2 à 3 fois l'empreinte écologique de la France.
[Source : greenit.fr]
Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Regarder des vidéos en streaming, stocker des documents dans le Cloud, envoyer des courriels... toutes ces activités sont devenues courantes dans nos vies personnelles et professionnelles. Difficile d'imaginer l'ampleur de l'impact environnemental de nos outils numériques. Et pourtant, le numérique n'est pas aussi abstrait qu'on pourrait le croire !
Quels sont les aspects obscurs de la technologie numérique qui sont encore méconnus ? D'où vient son empreinte écologique et quelles sont les interactions numériques qui ont le plus d'impact ?
Voici une vue d'ensemble des principaux problèmes environnementaux liés à la technologie numérique, afin de vous donner des conseils et de vous permettre de faire des comparaisons. Les sources spécialisées mentionnées tout au long de l'article vous aideront à approfondir les sujets qui vous intéressent.
I
n termes pratiques, nous commencerons par nous pencher sur la sobriété numérique, en abordant en premier lieu les moyens de réduire l'empreinte carbone de nos habitudes numériques.
Pourquoi parler de l'impact de la technologie numérique ?
Imprégnée dans de nombreux aspects de notre vie, la technologie numérique est un outil de progrès sans limite qui nous offre d'innombrables possibilités : communiquer, transmettre des connaissances, comprendre des phénomènes scientifiques, acheter, produire, faciliter toutes sortes de flux monétaires et de services, se divertir, disposer d'espaces de travail virtuels, etc.
Devenue indispensable, cette ressource précieuse n'est pas aussi insignifiante ou inconséquente que nous le pensons. Nous soupçonnons qu'il existe une autre réalité derrière nos écrans... mais laquelle ?
Si l'on associe souvent la technologie numérique à un grand système virtuel, on a tendance à oublier sa dimension physique, qui est bien réelle. Quels sont donc les impacts négatifs de la vie numérique ?
Selon l'étude de Frédéric Bordage, dans son ouvrage Vers la sobriété numérique, pour que la "galaxie numérique" fonctionne, il faut.. :
Et l'univers numérique connaît une croissance exponentielle ! Les experts prévoient qu'il sera multiplié par 5 entre 2010 et 2025. Ce nombre colossal d'équipements nécessite de plus en plus de matières premières, de ressources et d'énergie pour continuer à se développer. Cela pose aujourd'hui un problème écologique majeur.
Malgré son langage éthéré (numérisation, nuage, réalité virtuelle, etc.), la technologie numérique a des implications physiques et il est donc logique qu'elle ait des conséquences pour la planète et les êtres humains.
Pour mesurer l'impact environnemental de la technologie numérique, il faut prendre en compte tous les effets du cycle de vie d'un produit numérique : la conception, l'extraction et le traitement des matières premières, la fabrication des composants, l'assemblage, le transport, la consommation d'énergie pendant l'utilisation et enfin le recyclage.
Cet impact écologique, également connu sous le nom de pollution numérique, comprend les éléments suivants :
👉 Le numérique est responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
La part des technologies numériques dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre est en forte augmentation et pourrait doubler d'ici 2025 pour atteindre 8 % selon le projet Shift sur l'impact environnemental de la technologie numérique et du déploiement de la 5G.
Il est devenu plus crucial que jamais pour tous les acteurs du numérique et leurs utilisateurs de se pencher sur cette question et d'explorer des solutions pour réduire leur empreinte numérique.
Cela implique de faire preuve de plus de retenue dans notre utilisation de la technologie numérique : c'est ce que l'on appelle la sobriété numérique. Pour vous mettre au courant, nous avons voulu examiner la situation dans son ensemble afin de mieux comprendre l'impact de notre utilisation et de notre consommation de la technologie numérique, ainsi que les moyens de commencer à agir.
Des études et des recherches approfondies ont été menées dans ce domaine, sur lesquelles nous nous sommes appuyés pour rédiger cet article. Cependant, si ces chiffres peuvent aider à saisir la globalité du problème et à s'approprier les enjeux, ils sont relatifs et doivent être nuancés.
En effet, il est difficile d'obtenir des données permettant de quantifier le nombre d'appareils en fonctionnement, par exemple. Les estimations utilisées ci-dessous proviennent du site Greenit.fr Empreinte environnementale du monde numérique. Elles sont basées sur une analyse de l'inventaire du cycle de vie à partir des chiffres de vente et de durée de vie et de la collecte de données auprès d'entreprises publiques et privées.
Pour comprendre plus en détail les différentes sources de pollution numérique, nous avons utilisé les différentes catégories d'équipements numériques répertoriées par Greenit.fr :
Des objets ingénieusement conçus, légers, pratiques et performants... qui cachent en réalité une tout autre réalité. Avant d'atterrir dans nos poches ou sur nos bureaux, nos smartphones, ordinateurs portables et autres terminaux numériques ont parcouru des milliers de kilomètres !
Ils ont commencé dans les mines (extraction des des terres rares pour leurs composants), puis ont été assemblés dans un autre coin de la planète), puis ont été assemblés dans un autre coin de la planète et enfin transportés et distribués jusqu'à leur point de vente final. Tout cela nécessite une quantité importante de matériaux et de combustibles fossiles.
Voici quelques chiffres concernant les smartphones [selon l ADEME] :
Quelques chiffres pour les ordinateurs portables :
Selon le modèle, la fabrication et le transport d'un ordinateur portable émettent entre 160 et 480 kg de CO2, sans compter son utilisation.
La fabrication d'un ordinateur portable nécessite près de 600 kg de matériaux.
Selon l'ADEME, les équipements numériques représentent 47% des émissions de gaz à effet de serre du secteur et leur processus de fabrication est le plus impactant, plus que leur utilisation.
Un secteur qui rend tout numérique, mais dont les besoins en matériaux et en énergie sont gigantesques !
Non, l'internet ne flotte pas dans l'air ! Nous ne pouvons nous connecter à internet que grâce à un vaste réseau de câbles sous-marins. Ce réseau invisible enfoui dans les profondeurs des océans et des mers du monde représente des millions de kilomètres (le plus long câble s'étend sur près de 20 000 km !).
99% des communications et des échanges de données entre les continents passent par ces câbles sous-marins (et seulement 1% par satellite), qui couvrent de très longues distances. Prenons l'exemple d'un courriel : ce courriel parcourt en moyenne 15 000 km entre le lieu où il a été envoyé et le centre de données qui héberge sa boîte aux lettres !
💡 Pour visualiser et comprendre l'ensemble de l'infrastructure réseau utilisée pour transporter toutes les données sur l'internet, la carte submarinecablemap.com est une ressource captivante.
Qu'il s'agisse de leur fabrication, de leur transport, de leur installation ou de leur entretien, tous ces équipements ont forcément un impact sur l'environnement. Les câbles sont posés au fond des océans par des navires câbliers, qui consomment de grandes quantités d'énergie.
Selon l'ADEME, l'ensemble de ces câbles dans les infrastructures de réseaux représente 28% des émissions de gaz à effet de serre générées par nos usages du numérique.
Les centres de données sont d'immenses bâtiments, comme des hangars, qui sont des centres de traitement et de stockage de données situés dans le monde entier. Plus précisément, ils abritent des micro-ordinateurs et des disques durs dans de grandes armoires à tiroirs qui stockent de très gros volumes de données : courriels, photos, vidéos, jeux et données d'entreprise, etc. En cas de défaillance matérielle, les informations sont copiées sur plusieurs disques durs, afin d'en assurer la sauvegarde.
Ces installations occupent des surfaces très importantes (le plus grand centre de données au monde, en Chine, a une surface de 1 million de mètres carrés !) et nécessitent des ressources considérables pour leur construction et leur fonctionnement, l'électricité et les systèmes de refroidissement.
Très énergivore, un centre de données de 10 000 m² consomme en moyenne l'équivalent d'une ville de 50 000 habitants. 40 % de cette consommation d'énergie est utilisée uniquement pour les refroidir.
Souvent désignés comme les principaux responsables de l'impact du numérique, les centres de données ne représentent finalement que 25 % des émissions de gaz à effet de serre du numérique (toujours selon l'ADEME).
L'empreinte écologique numérique - à l'échelle mondiale
En 2019, à l'échelle mondiale, la technologie numérique a représenté.. :
L'empreinte numérique mondiale comparée à l'empreinte humaine mondiale (phase de fabrication du terminal - phase de fabrication de tous les équipements) est la suivante :
[Source:Quelle est l'empreinte environnementale du monde numérique ?, GreenIT.fr].
En 2020, en France, le numérique représentera :
☝️ En France, la consommation d'énergie pendant la phase d'utilisation (de la livraison de l'équipement à son élimination) est moins intensive en carbone que dans le reste du monde. D'où les différences d'impacts entre les phases de fabrication et d'utilisation.
En 2020, l'empreinte numérique française rapportée à l'empreinte carbone totale de la France (phase de fabrication du terminal - phase de fabrication de l'ensemble des équipements) était la suivante :
[Source : Quelle est l'empreinte environnementale du numérique en France ?, GreenIT.fr]
L'utilisation du numérique monte en flèche et est dominée par les vidéos en ligne.
Selon une étude réalisée par Sandvine, le streaming vidéo représentera près de 54 % du trafic internet mondial sur les réseaux de communications électroniques en 2021.
Netflix, YouTube et Amazon Prime dominent ce marché, représentant plus de la moitié du trafic de streaming vidéo dans le monde (source : Statista).
En outre, une part importante (2,7 %) du trafic mondial est liée aux téléchargements PlayStation : en termes de transfert de données, télécharger 100 Go de données équivaut à regarder 14 heures de vidéo 4K.
Comme le souligne l'Arcep dans son rapport sur l'état de l'internet en France, "les contenus vidéo se retrouvent également dans d'autres catégories de ce classement, notamment les médias sociaux qui représentent 12,69% du trafic global, les jeux en ligne (5,67%) ou les solutions de messagerie : WhatsApp, Zoom, Microsoft Teams, Messenger etc. (5,35%)".
L'Arcep mentionne différentes sources de consommation vidéo : "visionnage en direct/linéaire en ligne, services de replay et de rattrapage, services de vidéo à la demande par abonnement, médias sociaux, chats vidéo sur les messageries instantanées, utilisation généralisée de la publicité vidéo, etc." "
En 2022, la quantité de données partagées sur l'internet dans le monde entier était largement dominée par le streaming vidéo :
Et en termes d'impact ? La vidéo consomme beaucoup d'énergie, car la taille des fichiers visionnés contient beaucoup plus de données numériques qu'une photo : cela nécessite plus d'énergie pour les stocker sur les serveurs. Sans compter que la plupart des vidéos en ligne sont désormais en haute définition, ce qui les rend encore plus volumineuses.
Quelques chiffres :
Toutes ces données produites par le streaming vidéo consomment de grandes quantités d'électricité, qui provient en grande partie des combustibles fossiles (85 % du mix énergétique mondial en 2018, selon une étude de étude de BP).
Après ces premiers constats, nous explorerons dans un prochain article les meilleures pratiques à mettre en place pour réduire l'impact des vidéos en ligne, de leur stockage à leur utilisation.
Chez Wedia, nous nous engageons à lancer des discussions sur la sobriété numérique et à apporter notre propre contribution en réduisant l'impact numérique de notre travail et de celui de nos clients.
C'est pourquoi, en tant qu'acteurs du numérique, nous prônons la modération et des choix conscients lorsqu'il s'agit de consommer et d'acheter des produits numériques.
Il ne s'agit pas de prêcher, mais de faire partie de la solution en aidant, dans la mesure de nos possibilités, les services marketing et les entreprises à réduire leur empreinte numérique.
Que faire alors ?
Comme nous l'avons vu, c'est la phase de fabrication qui a le plus d'impact. La clé pour réduire notre empreinte numérique est avant tout d'allonger la durée de vie de vos équipements, de conserver vos terminaux le plus longtemps possible, et si vous devez les renouveler, d'utiliser des appareils reconditionnés.
Quant aux entreprises, elles doivent évaluer leur empreinte numérique et adopter la sobriété numérique, ce qui les amènera à faire preuve de retenue et à hiérarchiser leur utilisation en fonction du modèle économique et des valeurs de l'entreprise.
Wedia poursuivra en étudiant de nouvelles façons de réduire les déchets numériques et de rendre vos habitudes numériques plus efficaces.
L'une des solutions consiste à utiliser le DAM (Digital Asset Management) pour aider les équipes de création et de marketing à réduire leur empreinte carbone. Nous consacrons un article spécifique à ce sujet. Découvrez comment un DAM peut rendre votre entreprise plus efficace, en réduisant le stockage de vos fichiers numériques et en simplifiant vos processus !